D’après Le Gène du garde rouge – Souvenirs de la révolution culturelle de Luo Ying
Éditions Gallimard - Traduit du chinois par Xu Shuang et Martine De Clercq
Conception, mise en scène Roland Auzet
Adaptation Pascale Ferran
Collaboration artistique Robert Lacombe
Assistant à la mise en scène Julien Avril
Avec Yann Collette, Hayet Darwich, Jin Xuan Mao, Chun–Ting Lin, Thibault Vinçon, Angie Wang, Haoyang Wu, Yves Yan, Yilin Yang, Lucie Zhang et Ina Ich et Aurélien Clair
Musique Roland Auzet, Victor Pavel, Ina Ich et Aurélien Clair
Scénographie Cédric Delorme–Bouchard
Lumières Bernard Revel
Son Julien Pittet
Vidéo Nicolas Comte
Costumes Mireille Dessingy
Régie générale Séverine Combes et Patrick Le Joncourt
Direction de production Agathe Bioulès
Chargée de production Mélanie Lézin
Photos ©Christophe Raynaud de Lage
Production ACT Opus
Coproduction Le Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire
La compagnie ACTOpus est soutenue par la DRAC Auvergne Rhône Alpes et le Conseil Régional Auvergne Rhône Alpes.
Avec le soutien du JTN (en cours)
C’est l’histoire d’une époque, de la Révolution Culturelle en Chine jusqu’à nos jours ici, en Europe. Vue d’Occident, la Révolution Culturelle est ce moment, rendu presque sympathique par le pop-art, de l’histoire d’un pays communiste dont la jeunesse, dans un élan spontané et généreux, parvient, au prix de quelques morts certes (mais n’est-ce pas le prix à payer de toute révolution), à faire vaciller un système sclérosé, sous la conduite d’un Grand Timonier blanchi de ses erreurs passées et devenu le symbole d’un leader qui a compris les aspirations des nouvelles générations. Cette saine libération des énergies juvéniles, qui se termine par l’épisode tragi-comique du procès de la Bande des Quatre, séduisit intellectuels et artistes en Europe, et contribua à construire l’imaginaire des années 68 en France. Pourtant, de l’autre côté de la Grande Muraille, c’est bien une des plus grandes tragédies du XXème siècle qui s’est jouée : endoctrinement de masse à un degré jamais atteint, manipulation cynique de toute une population, militarisation de la société, enfants-soldats Gardes Rouges dénonçant ou tuant père et mère, déchainement de violence aveugle et de folie meurtrière encouragée par un Mao ivre de puissance, un million de victimes (au bas mot).
Ces neuf années (1966-1975) de cauchemar, qu’il est aujourd’hui interdit d’évoquer, sont encore une plaie à vif dans l’histoire du pays, et dans toutes les familles chinoises. Ce passé de violence et de tragédie, ce « gène du Garde rouge » continue à travailler en sourdine l’inconscient collectif et le sentiment de culpabilité d’un pays auquel l’historiographie officielle n’est pas autorisée à faire face, tant cela mettrait en péril les fondements même d’un pouvoir construit sur le mensonge historique.
Quel a été le rôle de la Révolution Culturelle dans l’inconscient politique national pour que cette évolution aussi rapide, brutale et apparemment acceptée, le soit dans une « servitude volontaire » des sujets-citoyens ?
Et peut-on dire, avec Jean-François Billeter que « le capitalisme chinois n’est pas tant l’avatar d’un régime communiste autoritaire qu’il ne révèle les survivances de ce passé impérial. L’échec des forces de progrès semble total. Il n’est pas seulement tragique pour la Chine. Il l’est pour le monde. » ?
Adieu la Mélancolie est un projet de ré-appropriation de soi et de son histoire familiale par le théâtre, mais aussi de résistance à un monde sans mémoire. C’est un récit où l’Histoire est vue comme à travers une loupe, à travers la vie de protagonistes se débattant dans un kaléidoscope mémoriel de situations liées à leur époque. Cette époque, c’est celle de la Chine d’aujourd’hui, largement inconnue ou incomprise de l’Occident, mais qui est pourtant, et de plus en plus, la nôtre.
"Une déclaration d’humanité au cœur du politique [...] La puissance oratrice des jeunes femmes et hommes au plateau, interprétant avec autant de vigueur les danses révolutionnaires révolues que leurs rêves démocratiques, résonne scènes après scènes. Plus qu’un simple exposé historique, c’est une déclaration d’humanité que nous livre la pièce, l’imploration d’un monde éclairé à la lueur d’une tragédie passée. Adieu la mélancolie est un magnifique exutoire offert à une jeune génération avide de réponses et de moyens d’expression. N’est-ce pas ce qu’offre le mieux le théâtre ?" La Terrasse - Louise Chevillard