Mise en scène et chorégraphie Philippe Saire

avec Adrien Barazzone, Valeria Bertolotto, Pierre-Antoine Dubey, Joëlle Fontannaz, Roland Gervet, Jonathan Axel Gomis, Baptiste Morisod

Assistant à la mise en scène Chady Abu-Nijmeh

Dramaturgie Carine Corajoud

Création lumières Éric Soyer

Scénographie Claire Peverelli

Création sonore Jérémy Conne

Costumes Isa Boucharlat

Maquillage Nathalie Monod

Direction technique Vincent Scalbert

Coproduction Comédie de Genève, Arsenic, Centre d’art scénique contemporain - Lausanne, Théâtre des Martyrs - Bruxelles, Théâtre Benno Besson - Yverdon-les-Bains

Dans l’Amérique reaganiste des années 1980, le SIDA éclate dans les communautés homosexuelles. Les trajectoires de vie s’entrecroisent dans cette pièce chorale où, tout en humour et en allégories, les personnages se confrontent à la stigmatisation et à la politisation de l’intime. Le soudain délitement du monde et du collectif exhorte à son improbable et réjouissante réinvention.

Cette pièce-monument du théâtre américain, lauréate du prix Pulitzer en 1993, est initialement publiée en deux parties et dure près de six heures. Ici raccourcie à 2h30, ce sont une quarantaine de scènes courtes, dans un style cinématographique, qui s’enchaînent, se chevauchent et même parfois s’entremêlent. Cette structure, ainsi qu’une attention particulière au rythme de chaque scène, parvient à maintenir un sentiment de suspense, alors que des passages oniriques en allègent la narration.Cette tension est nourrie par les rythmes pop 80’s, et par le renouvelle-ment des images grâce à une scénographie modulée par les comédien·ne·s et aux lumières d’Éric Soyer. Les univers visuels se déploient grâce à quelques éléments de décor efficacement évocateurs. Palais de justice, boîte de nuit ou banquise hallucinée... l’expérience du spectateur est aussi intense que les thématiques abordées. De même, l’appui ponctuel de la physicalité favorise un jeu impliqué ; le mouvement densifie, bouscule et ajoute d’autres strates à la perception de cette pièce fleuve.

Angels in Amercia est la fresque tragique d’une Amérique en prise avec ses démons et plaide pour la possibilité de vivre dans une communauté pacifiée en assumant les changements.Thématique centrale de la pièce, le changement versus le conservatisme social et politique est exploré dans le contexte particulier de l’apparition du SIDA à New-York dans les années 1980. Comment faire face à ce qui est perçu comme une peste moderne, voire une punition divine ? Quelles possibilités nous sont offertes ? La tentation d’un retour à des valeurs antérieures est forte alors que la société américaine se dit être dans un renouveau politique avec un reaganisme puissant. En cela, la pièce de Tony Kushner fait encore aujourd’hui écho à notre société marquée par une tension entre immobilisme – voire retour en arrière – et volonté d’embrasser le changement. Kushner utilise les concepts d’unité et de diversité et ouvre des pistes de réflexion. La société américaine est-elle capable de tolérer une diversité d’appartenances et d’identités ? On parle notamment de la communauté homosexuelle rendue visible à cette époque à travers la question du SIDA – mais aussi des questions raciales, de la diversité religieuse, du statut de la femme.L’auteur recourt à plusieurs passages oniriques, voire fantastiques pour certains, pour aborder ces questions. Ces scènes hallucinées – de même que l’humour qui marque la pièce – viennent rafraîchir et nourrir la réflexion sans jamais tomber dans le pathos.

Sous la forme simplifiée, l’intrigue d’Angels in America se concentre sur la destruction, puis le renouvellement des communautés. Si d’abord les personnages glissent dans l’isolement et la solitude sous la contrainte du sida, la seconde partie reconstruit une communauté de manière nouvelle grâce à des rencontres et des collaborations improbables.

Festival Off d'Avignon - La Manufacture

Du 6 au 25 juillet à 21h30