Texte et mise en scène Pauline Sales
Distribution en cours
Travail chorégraphique et assistanat Aurélie Mouilhade
Scénographie Damien Caille-Perret
Lumières Laurent Schneegans
Costumes Nathalie Matriciani
Maquillage/Coiffures Cécile Kretschmar
Production : Compagnie A l'Envi
À PARTIR DE 9 ANS
Liah et moi se présente comme une pièce d’anticipation adressée aux jeunes à partir de 9 ans. Elle convoque un monde futuriste, à la fois proche et lointain, où la terre est divisée entre mégapoles ultraconnectées et zones noires accueillant pauvres, dissidents et délinquants.
Ce monde nous est raconté par le prisme de deux soeurs, Liah et Frankie, dix et treize ans, qui ont vécu en zones noires durant toute leur enfance, au milieu des champs et loin de tout écran. Leurs parents, des chercheurs ingénieurs à la pointe de la technologie, ont volontairement quitté un système dont ils ne voulaient plus cautionner les dérives pour vivre selon leurs idéaux, à l’ancienne. Frankie naît en premier puis arrive Liah trois ans après.
Seulement Liah n’est pas une enfant comme les autres. C’est le fruit du travail et de la recherche acharnés de ses parents. Elle n’a pas demandé neuf mois, mais plusieurs années de conception. Liah est un robot humain que ses concepteurs de parents ont décidé d’élever comme leur enfant. Ils tentent cette expérience unique et utopique : faire de Liah un robot qui aimerait l’humanité plus qu’elle ne s’aime elle-même. Un robot dont le but serait l’amour et la préservation de l’humanité et du vivant en général.
Développer la capacité d’apprentissage de la machine à partir du vivant, des émotions, de la vie de tous les jours. Ils programment Liah en fonction de son âge et la nourrissent de données biologiques, littéraires, philosophiques, de films pour enfants, de langues étrangères, d’exemples de personnes vertueuses, d’art et de musique. Ils essaient qu’elle développe une certaine forme d’empathie, un sens moral sans prévoir qu’ils ne pourront pas l’élever jusqu’au bout, aller jusqu’au terme du processus et que l’enfant robot d’une manière ou d’une autre les déstabilisera comme toute créature son créateur.
Comme modèle, comme premier vis à vis, Liah a Frankie, sa grande soeur, avec laquelle elle va développer une relation particulière. De Frankie vient des actes, des mots, des émotions, bien différents que ceux dont ses parents-concepteurs la nourrissent. Liah, par Frankie, va apprendre la violence, l’agressivité, l’égoïsme, la mauvaise foi, la douleur, le sentiment d’injustice, la brutalité, la rivalité, toutes les pulsions non réfrénées de l’enfance, et bien sûr la complicité. Les deux soeurs, l’enfant et la machine, vont se construire l’une vis à vis de l’autre, l’une contre l’autre.
L’IA va devenir de plus en plus présente dans nos vies. On commence juste à se rendre compte de tout ce qu’elle va modifier dans le monde de l’enseignement, de la médecine, du travail, dans le traitement de l’information, sans parler des métiers artistiques qu’elle met de plus en plus en péril tout en se nourrissant d’eux.
J’avais envie de prendre le contre pied en inventant un robot qui aurait été conçu par deux chercheurs pour préserver l’humanité, un robot qui doute, un robot sensible, un robot qui a du mal à accepter qu’il n’a pas la chance d’être un être vivant.
Décrire, à travers cette fable, les processus de programmation des intelligences artificielles, les différentes manières d’apprentissage possibles de ces machines, le travail actuel accompli pour les rendre morales, des AMA (agents moraux artificiels), au vu des décisions qu’elles vont devoir prendre dans plusieurs situations, par exemple en cas d’accidents pour la voiture autonome.
Liah et moi parle aussi d’éducation. La vigilance et le contrôle que les parents opèrent sur l’éducation de leurs enfants, traités parfois comme des machines performantes. Un robot intelligent nourri aussi bien physiquement qu’intellectuellement n’est-ce pas un rêve inavoué d’enfant parfait ?
Comment les parents souhaitent voir grandir et évoluer leur progéniture et de ce qui toujours échappera à la programmation des êtres, et des robots aussi possiblement, ce qui échappe aux parents, comme aux concepteurs de machine, le hasard, l’accident, la liberté.
Pauline Sales