Mise en scène Hector Manuel
Avec Leslie Bernard, Julien Derivaz, Margaux Grilleau, Matthias Jacquin, Maïka Louakairim, Alexandre Virapin, Adèle Zouane
Production BAJOUR & EMC - Saint-Michel-sur-Orge
Coproduction EMC - Saint-Michel-sur-Orge / Le Canal - Redon / Pont des Arts - Cesson-Sévigné
BAJOUR est conventionné par le Ministère de la Culture / DRAC Bretagne, est soutenu par la Région Bretagne
et la Ville de Rennes et artiste associé au Théâtre Public de Montreuil – Centre Dramatique National.
UN ROAD-TRIP INFERNAL
Je souhaiterais que nous élaborions ce spectacle à partir des éléments les plus simples de l’acte théâtral : le corps des acteurs et la parole. Raconter l’appétit diabolique de ce couple, les voyages de Johanna, Henri et Gabriell, en amenant les éléments de costumes, de scénographie, d’accessoires que très progressivement. Ce road-trip nous amènera du laboratoire de Johanna au premier cercle de l’enfer, en passant par les paysages du techno-fascisme naissant, un psy cauchemardesque, un groupuscule masculiniste et raciste, un camion de CRS ou une clinique de milliardaires. Il s’agit donc de créer une identification classique aux protagonistes avec le moins de distance et d’artifices possibles, pour embarquer le public sur les chemins de Johanna et d’Henri au milieu des démons et des anges, puis plonger dans leur douleur, leur culpabilité et enfin leur rédemption.
DIABOLUS IN MUSICA
Un travail important autour du son et des voix des acteurs et actrices sera réalisé pour jouer avec les présences, les envoûtements et la magie noire propre à l’imaginaire infernal. Les micros HF, filtres pour modifier le timbre des voix, et illusions sonores seront des outils importants de cette recherche, ainsi que la musique et le chant choral. Le spectre sonore étant très investi, nous laisserons le champ visuel le plus épuré et lacunaire possible : comment figurer une multitude de lieux et de personnages sans décor, grâce à l’incarnation et l’aide de quelques accessoires et costumes ? Nous convoquerons aussi la peinture baroque, les figurations classiques des anges, de l’enfer et du paradis, l’imaginaire folklorique des démons pour les adapter, les détourner et nous en amuser. Mais nous les utiliserons aussi comme cheval de Troie pour amener les spectateurs et spectatrices dans notre piège diabolique et finir par “aimer les méchants”. Les récits autour de Faust, l’Enfer, le Diable, la damnation, issus d’un vieux catholicisme, sont omniprésents dans l’histoire de l’art en Europe : Goethe, Marlowe, Dante, Bosch... J’aimerais que nos références esthétiques et littéraires soient donc européennes, et que le spectacle respire un peu de cet air de la renaissance baroque et embrasse jusqu’à la révolution industrielle, période à laquelle la figure du Diable
refait surface.
LES CERCLES DE L’ENFER
L’espace scénique sera avant tout structuré par la lumière, les projecteurs placés sur scène, les rampes de fluos, mais aussi par la machinerie théâtrale de la salle : pendrillons, murs, flights cases, mouvements de perches seront à vue et permettront de rendre la scène mouvante au gré du spectacle. Nous aurons aussi recours à un cyclo blanc à texturer en ombres et en lumières pour figurer certains lieux, en créant des variations autour du cercle : familial, infernal, yeux, mappemonde... Le reste des éléments sera uniquement fonctionnel : tables, chaises, tapis de danse, praticables et au maximum empruntés sur place, pour limiter et alléger le transport, et jouer avec l’existant de chaque lieu. Le spectacle s’étoffera au fur et à mesure d’éléments scéniques et techniques pour les voyages baroques de Johanna et les explorations artistiques et sensuelles d’Henri, de Duras au Cabaret Drag Queen. Les costumes et les paysages sonores défileront au diapason jusqu’à ce que la réalité, dissonante, ne les rattrape et les ramène en enfer.
Note de mise en scène, Hector Manuel