Les Couleurs de l'Air

 

Écriture et mise en scène Igor Mendjisky

avec Raphaèle Bouchard, Pierre Hiessler, Igor Mendjinsky, Hortense Monsaingeon, Thibault Perrenoud, Juliette Poissonnier, Esther Van den Driessche, Jean-Paul Wenzel, Yuriy Zavalnyouk

 

Dramaturgie Charlotte Farcet
Lumières Stéphane Deschamps
Musique Raphaël Charpentier
Costumes May Katrem et Sandrine Gimenez
Vidéo et son Yannick Donet
Scénographie Claire Massard et Igor Mendjisky
Assistant mise en scène Arthur Guillot
Construction des décors Jean Luc Malavasi

 

Durée : 3h dont entracte (1h30-entracte-1h)

 

Production C.I.C.T. - Théâtre des Bouffes du Nord & Moya Krysa

Coproduction Le Grand T, Théâtre national de Loire-Atlantique ; Théâtre Firmin Gémier - La Piscine ; Les Célestins, Théâtre de Lyon ; Théâtre et cinémas de Saint Maur ; Théâtre Romain Rolland Villejuif ; EMC – Saint-Michel-sur-Orge ; Cercle des Partenaires des Bouffes du Nord ; En cours…

 

Projet soutenu par l’Adami Déclencheur

La pièce

Ilia 35 ans, réalisateur, perd son père artiste peintre mythomane et mégalomane reconnu dans le monde entier. Deux ans après le décès de celui-ci, Ilia s’engage dans la réalisation d’un biopic à gros budget sur la vie de son père. Au fil du tournage, Ilia, hanté par ses fantômes et ses angoisses de réalisateur et de jeune père, perd le contrôle de ce qu’il souhaitait et imaginait raconter.

"Pour écrire cette histoire je me suis donné plusieurs mois pour mener une enquête sur l’homme qu’était mon père mais surtout sur le regard de mes sœurs et frères sur sa personne. J’ai par conséquent passé plusieurs heures à leurs côtés, je les ai questionnés et interviewés. J’ai par ailleurs en ma possession une trentaine de cassettes audio sur lesquelles mon père s’est enregistré pour raconter sa vie, j’ai toute une correspondance entre sa mère et sa tante, j’ai toutes ses archives et plusieurs dizaines d’écrits sur ce qu’il était. J’ai de la matière, beaucoup de matière.

Nous sommes six frères et sœurs (j'ai perdu une de mes sœurs d'un cancer il y a cinq ans, sa première fille), nous connaissons notre père de manière complètement différente du fait de notre différence d'âge ; mon plus grand frère ayant aujourd'hui soixante-sept ans et moi le dernier avec ma sœur jumelle ayant trente-cinq ans. Nous n'avons pas connu le même homme, nous n'avons pas eu le même père. Nos rapports avec lui ont toujours été difficiles du fait de sa mythomanie et de son rapport à l'argent mais chacun de nous a toujours été extrêmement admiratif de sa force, de son travail, de sa folie des grandeurs, de sa démesure, de son amour de la fête, de sa joie de vivre et de sa peinture.

Je relis tout : un mensonge de trente pages que mon père a rédigé, les articles de presse sur son passage en prison, sur sa peinture, ce qu’il a écrit sur lui, sur son histoire, des extraits d’un roman « Mes Palaces » d’André Sonier qui parle de ses escroqueries, les documents sur ses interventions au sein de la résistance, les documents des avocats, des créanciers, une correspondance entre lui et son premier beau-père. J’apprends qu’il a été faussaire, qu’il a fait de la prison à vingt-huit ans pour avoir escroqué celui-ci. Je ne le savais pas, je découvre ses premiers mensonges, je découvre le petit escroc mais aussi le petit héros ; j’apprends qu’il a intégré le groupe de résistants de la comédie française, qu’il a pris plusieurs balles dans la jambe à la Rochelle. J’apprends qu’il a kidnappé mon plus grand frère et ruiné la vie de sa première belle famille. J’écoute des enregistrements de lui en prison qu’il envoyait à mes frères et sœurs. J’apprends que j’ai concrètement vécu dans un mensonge, un immense mensonge teinté de petites vérités pendant trente années. Le silence et la colère m’envahissent. Je lis, j’écoute tout, je note, j’écris.
                                                                                                                                  
Ma première étape d’écriture a consisté d’abord à l’aide de ces recherches à poser sur le papier un premier squelette dramaturgique détaillé de l’histoire que je raconterai. Après cela, j’ai réuni mon équipe d’acteurs et une deuxième étape de travail a eu lieu. Nous nous sommes rassemblés autour d'une table pendant deux semaines, je leur ai raconté mon histoire, je leur ai parlé de mes sœurs et frères, de mon père, de sa démesure et de ses escroqueries et nous avons improvisé sur ce qu’allait être la première partie du spectacle. Ma méthode a donc été la suivante : après leurs avoir donné plusieurs morceaux de textes et de scènes que j’avais écrit au préalable, déroulé si je puis dire l'histoire que je voulais raconter et le chemin de chaque personnage,  je leur ai exposé le matin ce qui devait se raconter dans la scène que nous travaillions et les acteurs improvisaient sur la proposition jusqu'à ce que je trouve l'essence de la scène, sa structure et les points de rendez-vous pour que l'histoire avance, cela en restant toujours dans une parole vivante et improvisée. Nous avons répété ce processus de scène en scène jusqu'à la fin de cette première cession de répétitions. Je me suis ensuite appliqué à rédiger seul cette première partie pour que l’écriture soit précise, qu’elle ne laisse plus la place à l’hésitation ou à « l’à-peu-près ». Tout cela en étant constamment en lien avec Charlotte Farcet notre dramaturge. J’ai aujourd’hui la conviction que malgré tous les bienfaits de l’improvisation, l’écriture doit être posée, encrée sur le papier pour éviter une fragilité non choisie. C’est de cette manière que j’imagine construire et dégager le chemin de l’écriture tout au long de la création de ce projet.
 
Le spectacle s’articulera en trois parties, peut-être en trois couleurs, les trois primaires."

Igor Mendjisky

 

Le calendrier

Création le 3 novembre 2020
au Théâtre Firmin Gémier – La Piscine

 

En tournée en 2020/2021 et 2021/2022