Hélène Soulié est une artiste de la scène théâtrale contemporaine, metteuse en scène, dramaturge et chercheuse de formes nouvelles. Elle crée des pièces engagées qui réveillent les imaginaires et déplacent les frontières. L'identité, le choix, l'engagement, la famille, le genre, la norme, la liberté d'être, d'agir, de penser... sont ses sujets de prédilection.
Influencée par Les Guérillères de Monique Wittig et le concept de "tendresse radicale", partisane de liberté, d'horizontalité, d'échanges de savoir, et passionnée par les possibilités d'une narration spéculative, elle travaille sur l'articulation de nouveaux langages poétiques et/ou savants. En invitant le public à l'évasion, elle souhaite amener de nouveaux débats dans l'espace public, intime et politique, et participer à la création d'une société émancipée et joyeuse.
Formée à l'ENSAD de Montpellier sous la direction d'Ariel Garcia Valdès, puis à l'université Paris X (Master 2 - Mise en scène et dramaturgie) sous la direction de Jean-Louis Besson et Sabine Quiriquoni, elle rencontre Lucien et Micheline Attoun (Théâtre Ouvert) et Béatrice Picon-Vallin, qui l'initient aux nouvelles écritures et aux dramaturgies du réel.
Elle part vivre à Berlin, découvre la scène contemporaine et alternative allemande, le travail de Joseph Beuys, la théorie queer, et le concept de ZAT (Zone autonome temporaire d’Hakim B). De retour en France, elle se rêve pirate, milite pour la visibilité de tous les corps et toutes les sexualités dans l’espace public, les droits des étrangers, et plus largement le droit de vivre comme chacun.e l’entend ! Elle se forge également une conscience politique au contact des écrits de philosophes comme Bernard Stiegler, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Judith Butler, bell hooks, Donna Haraway, Isabelle Stengers, ou Paul B. Préciado. L'ensemble de ces rencontres seront déterminantes dans sa manière d'aborder le langage théâtral.
Afin de déployer ses propres narrations, elle fonde en 2008 sa compagnie EXIT, avec ce slogan hérité des féministes des années 70 : Une seule solution : autre chose ! Elle choisit ce nom pour se rappeler que le théâtre ne peut jamais être un lieu d'enfermement et qu'il faut constamment questionner les évidences et chercher l'issue. Son travail se nourrit d’un dialogue entre textes dramatiques, écrits savants et rencontres, entrelaçant en une grammaire commune paroles, sons et espaces, inventant une écriture théâtrale continuellement en mouvement, résolument ancrée et traversée par son époque.
Elle défend un théâtre en alerte, intranquille, qui porte la parole sur son dos, un théâtre qui met au jour la puissance poétique et politique du verbe, un théâtre où l’on prend le temps d’écouter les développements de la pensée. Elle fabrique de l’écoute, des échanges d’idées, du débat et des fictions que l’on aimerait voir advenir.
Repérée pour la singularité de son travail, notamment ses dispositifs sonores qui placent le public dans une relation inédite à la parole et ses dispositifs scénographiques qui placent les acteur.ices dans une relation organique à la parole, elle poursuit son travail sur le langage en associant, à partir de 2013, des dramaturges et chercheur·euses à ses créations. La mise en vibration des mots, au cœur d’un dispositif mêlant image, son et lumière, donne lieu à une esthétique scénique tantôt manifeste, tantôt pop, et à la naissance d’un espace scénique orchestrant toutes les utopies.
Depuis 2008, elle a mis en scène des textes de Christophe Tarkos (Konfesjonal,O, 2008), des pièces d’Enzo Cormann (Cairn, 2010), Henrik Ibsen (Eyolf, quelque chose en moi me ronge, 2013), Jon Fosse (Kant, 2013), David Léon (Un Batman dans ta tête, 2014, Un jour nous serons humains, 2014, Sauver la peau, 2015), adapté des romans de Lola Lafon (Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce, 2017) et Joy Sorman (Du Bruit et de fureur, 2018). Elle a aussi commandé des œuvres à des autrices comme Marie Dilasser, Mariette Navarro, Solenn Denis, Claudine Galea, et Magali Mougel. En 2022, elle collabore avec Marie Dilasser pour écrire Peau d'âne - La fête est finie, créée à l'automne 2023.
Hélène Soulié a également travaillé avec des chercheurs comme la politiste Maboula Soumahoro, la géographe Rachele Borghi, l’historienne Eliane Viennot, et la philosophe et sociologue Delphine Gardey, qui jouent leur propre rôle dans ses spectacles. En 2022, Ça ne passe pas de Claudine Galea est publié aux Éditions Espaces 34. En 2023, MADAM L’INTÉGRALE est publié aux Éditions Deuxième époque et Peau d’âne-La fête est finie aux Éditions Les solitaires intempestifs.
En 2022, dans l'esprit de l'éducation populaire, elle met en place Les fabuleuses, un cycle de conférences pour repenser notre rapport à l’art au regard de la production intellectuelle féministe, avec des philosophes, sociologues et historiennes. Ces conférences se déroulent d'abord à La Halle Tropisme, puis au musée Fabre à Montpellier à partir du printemps 2023.
La transmission fait partie intégrante de sa démarche artistique. Professeure au Cours Florent (Paris et Montpellier) depuis 2017, elle donne également des stages au conservatoire d'art dramatique d'Amiens et propose régulièrement des formations professionnelles conventionnées par l'AFDAS. Elle intervient aussi dans des lycées, universités et ESAT.
Depuis 2015, elle collabore avec les résident.es de l'hôpital François de Tosquelles à Saint Alban sur Limagnoles, créant Cartogrammes, quelque chose en nous échappe au conjugable d’après Fernand Deligny et Outrage au public de Peter Handke. Elle démarre également un nouveau projet avec la troupe de la Bulle Bleue en 2022 : Nos réalités. Depuis deux saisons, elle a développé avec Le Forum Réfugiés un projet intitulé Langage(s), pour articuler nos différences par l’apprentissage du français.
Hélène Soulié est accompagnée par plusieurs institutions depuis la création de sa compagnie : le TPM - Théâtre Public de Montreuil, le TNG - Théâtre Nouvelle Génération - CDN de Lyon, le Théâtre de Lorient - CDN, Théâtre Ouvert, la Chartreuse - CNES, et bien d’autres. La compagnie EXIT est conventionnée par la DRAC Occitanie depuis 2014 et soutenue par la DGCA, la région Occitanie, la ville de Montpellier, Montpellier Métropole, et d’autres partenaires.
Depuis 2015, Hélène Soulié est également membre active du mouvement HF, qui défend l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture.